Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
andandoloscaminos

Blog sur notre vie à deux en Amérique Latine et dans les Caraïbes

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Article sur notre descente vers le sud du Chili,

du 17 au 22 mai 2013.

Une courte nuit de ferry, le temps d'une bonne sieste et on découvre dans la brume du petit matin, un relief, des arbres élevés, une végétation dense, un ciel lourd et bas... l'émotion d'enfin arriver dans de l'inconnu pour Thomas, la hâte pour Cindy de commencer à faire la route, ce petit goût sucré que l'on ressent lorsque tout est possible, qu'on ne sait pas où l'on finira la journée...

On marche lentement, en compagnie de Matthieu, notre nouvel ami suisse, vers le centre du village, dans une obscurité qui se lève tout doucement...

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Il n'est que sept heures du matin, rien d'ouvert, on erre sans trop savoir où aller échouer... surtout qu'après avoir interrogé deux écoliers matinaux, qui nous dirigent vers une auberge, on se fera gentiment rembarrer lorsqu'on lui demandera un petit café! ça promet pour la suite!

Mais bien heureusement, les sommets enneigés nous font signe...

Chaiten est une petite ville qui a connu le cataclysme de l'éruption du volcan du même nom, en mai 2008, qui a rasé une bonne partie du lieu, poussant à une émigration forcée la majorité de la population, notamment en direction de Chiloé, dont une faible partie est revenue. Premier objectif donc, la grimpette des flancs du volcan et pour se mettre en jambe, on va chercher notre chemin à pied et en stop! Et après un peu de marche, c'est Hector, entrepreneur de Valdivia qui assure le ravitaillement des travailleurs qui bâtissent la nouvelle Chaiten qui nous prend dans sa camionnette. Car après l'éruption de 2008, les autorités ont décidé de déplacer le village dans une zone plus sûre, en construisant les bâtiments administratifs en premier, école, poste de police... sans que cela ait vraiment attiré la population, qui est massivement restée dans le lieu originel.

Et on croise d'abord une étrange route / piste atterrissage,

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Après avoir traversé la piste sans croiser d'avionnette, c'est en compagnie de Andrès qu'on continue la route pour atteindre le pied du volcan. Il est originaire de la région de Concepcion, travaille habituellement comme guide ou gérant d'un camping dans un parc, mais s'occupe actuellement de faire le taxi pour des ouvriers qui s'occupent de la maintenance de la route australe, qui dans la région, au nord de Chaiten, n'est qu'une piste de gravier.

Quelques kms plus loin, il nous dépose enfin au bord d'un torrent, en nous indiquant la route à suivre, c'est tout droit en montant!

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Le panorama est assez fascinant, car malgré les longs troncs sans vie, la beauté de cette journée bleue nous rend tout guillerets! Mais pour ne pas trahir notre habituelle manière de suivre les sentiers (on parle surtout de Thomas!) on prend sans doute un mauvais embranchement et on grimpe au plus près du torrent, pour finir au pied d'une falaise un peu trop escarpée pour continuer, on s'arrête donc pour le pique-nique.

De toute façon, au sommet, les nuages n'ont jamais quitté l'entrée du cratère, puis on est déjà assez haut pour avoir une belle vue, on profite donc calmement de cette matinée qui a déjà été intense!

                vue depuis notre pause pique-nique et sommet du volcan Michinmahuida.
                vue depuis notre pause pique-nique et sommet du volcan Michinmahuida.

vue depuis notre pause pique-nique et sommet du volcan Michinmahuida.

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

On redescend le long de notre torrent, au milieu des arbres nettoyés par la coulée de boue et de lave... pour reprendre la route, vers Chaiten, et on recroise donc notre ami Andrés, qui refait le chemin en sens inverse pour ramener un artisan du chantier vers les logements du chantier. On sent le plaisir de marcher au milieu de paysages qui pointent vers l'infini, sans croiser trop de traces humaines...

Et on revient au centre du village, en fin d'après-midi, après avoir également recroisé Hector, notre premier chauffeur du matin, qui après avoir terminé sa journée de travail, doit descendre vers le sud, et nous propose de nous emmener avec lui, pour faire un pause en route dans des thermes avec un bon verre de vin rouge!

On hésite un brin, mais comme nos sacs sont déjà dans une chambre de pension pour la nuit, on remercie chaleureusement Hector et on le quitte au bord de la route, sans vraiment douter que cette route, on veut la savourer petit à petit, sans se presser!

Des traces sont présentes partout, plus de cinq ans plus tard! Et on savoure notre thé de fin d'après-midi en regardant les otaries qui jouent dans la baie.

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Et le soir, après une bonne douche pour oublier la crasse des deux derniers jours, on se régale d'une délicieuse cazuela dans un des rares lieux ouverts.

Au fait, on ne vous avait pas parlé de notre logeur, qui s'appelle el Turco! c'est le meilleur marché du coin, ne se prenant pas encore pour le roi du pétrole, car l'offre de logement étant bien inférieure à la demande en été, les prix se sont envolés, et les autres pensions gardent les même prix toute l'année: le traquenard parfait!

Chez notre ami el Turco, qui ne sait pas vraiment quelles sont les racines lointaines qui ont amené du sang du Moyen-Orient dans ce coin perdu du sud du pays, on aura quelques discussions sympa, que Cindy aura parfois du mal à suivre, car on change clairement de sociolecte en rejoignant ces contrées où la population est beaucoup moins brassée que dans le reste du pays.

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Trajet de Chaiten à Puerto Tranquilo - 625 kms en 6 jours.

Lendemain matin, réveil très matinal, mais non, on exagère! on se lève tranquille vers 8h, petit déj, on est vers 9h30 en train de quitter le village à pied, car s'il y a bien un bus qui part vers 13h, on a envie de continuer notre cure de stop.

L'objectif affiché, rejoindre Puyuhuapi, à 200 kms au sud, car de là on accède facilement au parc Queulat, où l'on souhaite découvrir le glacier qui devient cascade glacée, el Ventisquero Colgante.

Mais on aura été un peu trop gourmand, ou pas assez matinaux, on va vous raconter pourquoi.

Vue du Corcovado, cone parfait plus au sud, et des maisons encore pleines de cendres à la sortie de Chaiten
Vue du Corcovado, cone parfait plus au sud, et des maisons encore pleines de cendres à la sortie de Chaiten
Vue du Corcovado, cone parfait plus au sud, et des maisons encore pleines de cendres à la sortie de Chaiten
Vue du Corcovado, cone parfait plus au sud, et des maisons encore pleines de cendres à la sortie de Chaiten

Vue du Corcovado, cone parfait plus au sud, et des maisons encore pleines de cendres à la sortie de Chaiten

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Après une traversée rapide du village, en le quittant par sa zone la plus touchée et non déblayée, on patiente un moment, avant qu'un camion nous fasse enfin décoller, pour retrouver quelques lacets plus loin, le soleil, enfin, dans une vallée fantastique, verdoyante et entourée de sommets enneigés. Mais le camion, conduit par Miguel qui est originaire de Valdivia, rejoint juste une zone où l'on va entasser les déblais de Chaiten...

On doit donc attendre le camion suivant, qui file lui vers les thermes del Amarillo, dans le parc Pumalin, pour rencontrer la première zone d'habitation depuis notre départ ce matin, il va être midi...

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

On borde le sud du parc Pumalin, qui est un parc privé, qui a la particularité d'appartenir à un magnat américain, Douglas Tompkins, qui est craint et décrié dans la région. Après avoir fait fortune dans les habits de sports, c'est le cofondateur de la marque North Face, il est tombé amoureux du sud du Chili, et grâce à son argent et sa force de persuasion, il a réussi à acheter parcelles après hectares de forêt dans la région, pour les protéger et limiter fortement toute activité humaine en leur sein. D'où son refus par exemple de faire goudronner la carretera austral qui passe dans le parc Pumalin, comme on a pu le remarquer lors de notre visite la veille au volcan Chaiten.

Mais le tour de force de Tompkins, ou l'incongruité des autorités, est qu'il a réussi à acheter une bande de terre qui s'étend en réalité de la frontière argentine dans la haute cordillère jusqu'à la côte du Pacifique. Autrement dit, cet homme, à travers sa fondation qui dirige et administre le parc, scinde la continuité territoriale du Chili, qui il est vrai, n'est que d'une largeur d'un trentaine de kms un peu au nord de Chaiten...

Voici les liens vers son business environnemental... et un documentaire qui se laisse voir, sur un jeune "voyageur" qui marche dans leur pas... pour les amateurs de grands espaces et d'escalade, ça sera un régal!

trailer du doc de Jeff Johnson - 180° South

1ère partie du doc

2ème partie du doc

Et musique du documentaire, assez sympa

Les discussions vont bon train sur le sujet, car à mesure qu'on descend vers le sud, on ne cesse de croiser et d'être aidés en stop par des ingénieurs venus d'autre zone du Chili, qui sont là pour travailler à l'amélioration de la carretera australe, voire à son "goudronnage". Mais quelle est vraiment la raison d'une telle débauche d'énergie, dans des régions où la population est si faible. Un seul souci de solidarité nationale, ou est-ce plutôt une vague de préparation à la future construction des grands barrages du sud, qui sont prévus de longue date, pour utiliser les forts courants du Rio Baker notamment, avec l'idée clairement énoncée de produire une énergie qui serait renvoyée ensuite vers le centre du pays et les principales industries. C'est en compagnie de Pablo, ingénieur venu de Chillan, qu'on poursuit notre route jusqu'à Villa Santa Lucia, et on parle beaucoup de ces problématiques, car il a une certaine dose de regard extérieur, son entreprise étant en charge de l'évaluation des segments de routes donnés en concession à des entreprises chiliennes et étrangères, à part égale, avec tout de même une grande majorité de structures chiliennes, qui présentent la particularité d'avoir en leur sein ou dans leur direction, des membres des familles des députés et autres responsables des administrations locales. D'une main on "concessionne", de l'autre on reçoit les salaires du privé à travers des membres de la famille... un bien lucratif prolongement de la solidarité nationale...

vues de notre belle journée de stop et de marche, entre Pumalin et le sud de Villa Santa Lucia
vues de notre belle journée de stop et de marche, entre Pumalin et le sud de Villa Santa Lucia
vues de notre belle journée de stop et de marche, entre Pumalin et le sud de Villa Santa Lucia
vues de notre belle journée de stop et de marche, entre Pumalin et le sud de Villa Santa Lucia
vues de notre belle journée de stop et de marche, entre Pumalin et le sud de Villa Santa Lucia

vues de notre belle journée de stop et de marche, entre Pumalin et le sud de Villa Santa Lucia

Malgré la bonne humeur, la superbe journée et les quelques sauts de puce en stop, notamment avec Gabriel, qui nous conseille de nous marier au plus vite... on tombe un peu en rade en fin d'après-midi, à une 15 de kms de Villa Santa Lucia, après avoir dépassé une zone de chantier, car on espère vainement une voiture, et on patiente à la sortie d'un pont sur le Rio Frio... une vieille dame dans sa cabane nous indique même que le prochain bus passera dans 3 jours, alors qu'on a pas vu passer une seule voiture depuis 2 h... on repart donc à pied, car il y aurait quelques maisons où on pourrait peut-être nous accueillir un peu avant Villa Vanguardia, à une 10 de kms de là... on tombe enfin sur un lieu où une dame prépare des casse croutes pour les ouvriers des chantiers et on commence même à parlementer pour la convaincre de nous offrir un coin de sol dans sa cuisine plutôt que de dormir dehors, lorsqu'on voit arriver les phares d'une voiture. D'autorité on se plante au milieu de la route, la voiture s'arrête, et un chauffeur rigolard me dit qu'il file à la Junta, sans même demander on jette donc nos sacs dans l'arrière du pick-up, et on s'entasse à l'arrière avec un autre passager qu'il a ramassé en cours de route. On file à toute allure, la nuit est bien tombée, et on manque par deux fois de renverser un cheval ou de tomber sur une vache, car il y a tellement peu de circulation, que les animaux sont en permanence en train de déambuler en plein milieu de la chaussée. Les 40 derniers kms sont avalés en une petite heure, et on arrive enfin, un peu crevés à La Junta, une bonne 50 de kms avant notre objectif de la journée, mais ayant eu notre dose, on fait une pause sans hésiter! Un bon lit douillet, un bon thé chaud dans le ventre, puis une bonne soupe, on tourne de nuit dans cette ville fantôme qui ne vit que du logement des ouvriers de passage. Chacun a reconverti sa maison en pension, plus ou moins luxueuse en fonction du grade des ouvriers accueillis, des manœuvres qui font la circulation, aux artisans ou aux contremaitres qui ont droit à plus de standing. On se demanderait presque ce que deviendra le village le jour où les routes seront finis, mais comme lors de nos différentes discussions on nous a dit qu'il y en avait pour au moins encore 20 de travaux dans la région, on se fait pas de soucis pour eux!

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Tout cela ne nous empêche pas de filer le lendemain matin, vers 6h, avec le premier bus vers le sud, pour être le plus tôt possible au parc Queulat. On se fait déposer à quelques kilomètres de son entrée, après avoir suivi pendant un long moment les bords du fjord qui conduit à Puyuhuapi et on atteint le début du sentier avec une forte envie de se dégourdir les jambes, après une journée, la veille où on a surtout marché et fait du stop.

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Le parc donne dès son entrée sur le sentier qui conduit les marcheurs, au bout d'une bonne grimpette d'une heure, au point de vue qui permet d'admirer la vue du glacier.

On est les premiers sur les lieux, et on suit avec plaisir le sentier bien balisé qui serpente sur le flanc gauche de la colline qui encadre le torrent qui vient du glacier. On observe le changement progressif du type de végétation, qui sur un dénivelé faible, offre une richesse étonnante, et qui explique l'engouement que connaît la région dans le tourisme vert et naturel.

                          Le fameux Ventisquero Colgante qui fait la réputation du parc.
                          Le fameux Ventisquero Colgante qui fait la réputation du parc.

Le fameux Ventisquero Colgante qui fait la réputation du parc.

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

La descente est une partie de plaisir, et on essaye de le faire durer, car on sait qu'une fois les sacs à nouveau sur le dos, il restera encore beaucoup de kms avant d'atteindre la vile de Coyahique, capitale de la région. Les nuages du matin se sont levés, et on se rend compte que le glacier et en fait visible depuis le pont qui enjambe la rivière.

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Une fois qu'on a rejoint la route, on essuye encore quelques échecs, et on commence à remarquer que les automobilistes qui passent sont beaucoup plus supporters lorsqu'ils vont dans le sens contraire au notre, car alors ils ne manquent pas de nous faire de grands signes ou de lever un pouce en l'air pour nous encourager... alors que dans notre direction, on aura quelques gros 4x4 de touristes qui accélèrent à notre niveau, histoire de bien nous remettre à notre place, ou pas mal de gens du coin, qui font signe qu'ils vont tout près, juste après le virage... et qu'on recroise parfois plusieurs heures plus tard, à l'endroit même où l'on voulait aller!

Le stop est une religion pour certains, ça a jusqu'à maintenant toujours été un mode de transport d'appoint pour nous, car on a trop souvent entendu les "stoppeurs" qui finissaient par ne compter plus que sur la générosité des gens, ou qui mourraient de cette soif de kms qu'il fallait rassasier chaque jour à grands coups de ride les plus longs possibles, traversant d'immenses distances pour le simple plaisir d'aller vite et loin, et bien sûr gratuitement.

Nos premiers efforts de stoppeurs novices nous montrent qu'il y a bien tout une science à avoir, avec son lot de techniques plus ou moins universelles... mais aussi que faire du stop est harassant, lorsque le besoin de continuer à avancer en fait un job à plein temps! Etre tôt sur le bord de la route, à la sortie du village ou de la ville, car les camions, les meilleurs amis des stoppeurs se lancent souvent dans leurs trajets à la fraîche; ne pas pouvoir s'arrêter là où l'on veut, car qui sait quand passera ensuite le prochain camion! Ne pas trop s'éloigner de la route, car c'est dans la proportion de temps dans la journée passé à squatter ses abords que réside le salut du stoppeur....

Mais on aura un coup de chance, lorsque Patricio, avec son énorme camion, nous prend à son bord, un peu comme celui qu'on avait connu dans le Pamir tadjike, sur des routes au moins aussi belles et à coup sûr plus dangereuses en compagnie à l'époque de Khoran.

On peut donc poursuivre la route à travers des paysages très variés, puisque partis en milieu de journée d'une zone de jungle dense et verte, on passera un col pour arriver à une zone de plateaux un peu pelés où l'élevage de bovins et d'ovins donnent l'impression d'être en Argentine, dans la pampa, avant d'arriver finalement aux abords de Coyahique, un peu plus bas, dans une zone plus tempérée et moins boisée.

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

On atteindra finalement Coyahique en fin de journée, de nuit, contents de n'avoir prévu qu'une journée de détente pour le lendemain, car les derniers jours de route commencent à peser sur les épaules... on trouve une pension raisonnable, chez un vieux un peu réac qui écoute toute la journée du Serrat, mais qui trouve que Victor Jara chantait de la musique trop politique...

On visite le lendemain sous un ciel bien gris, puis dégagé, puis sous la pluie, la ville de Coihaique, qui malgré la taille reste une îlot paisible de civilisation dans cette grande région du sud, où l'on commençait à sentir le côté sauvage et lointain dans le cahot des routes de graviers...

Vues de la rivière Simpson, de Cindy achetant une zopaipilla, du rocher de l'indien
Vues de la rivière Simpson, de Cindy achetant une zopaipilla, du rocher de l'indien
Vues de la rivière Simpson, de Cindy achetant une zopaipilla, du rocher de l'indien
Vues de la rivière Simpson, de Cindy achetant une zopaipilla, du rocher de l'indien

Vues de la rivière Simpson, de Cindy achetant une zopaipilla, du rocher de l'indien

On fait un tour aussi par le cimetière, qui s'ouvre sur un monument aux disparus de la dictature, qui fut moins dure dans la zone, du fait de la faible population et de l'absence d'université ou de grandes exploitations d'ouvriers agricoles ou forestiers, qui étaient souvent les plus fervents supporters d'Allende et de son Unité Populaire

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

A Coihaique, on rencontrera pour notre deuxième nuit Hélène, jeune française dynamique, qui tombée amoureuse de la région après un voyage en sac à dos, et accessoirement d'un mec du coin, René, qui travaille comme responsable des machines dans une mine proche, a décidé de venir vivre sa vie dans cette région du pays.

Un vrai plaisir de se faire une belle soirée, à grignoter et discuter, autour de quelques verres de pisco sour, tellement animée qu'on ne prendre même pas une minute pour prendre une photo!

On garde en tout cas un très bon souvenir de notre passage par cette plaisante ville, dont le panorama depuis le cerro aux éoliennes vaut l'effort pour rejoindre le promontoire.

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

On sait qu'on a définitivement quitté la zone de jungle de la carretera, et qu'on se dirige vers le sud, où l'on va trouver plus de grands lacs, de zones plus arides et des fjords à profusion.

Malgré la soirée qui s'est terminée bien tard, ou plutôt tôt et malgré le fait que ce mardi 21 mai est un jour férié, on se lève pas trop tard, pour se poster sur la route après avoir avalé quelques empanadas. L'objectif de la journée est d'atteindre Puerto Tranquilo, sur le bord du lac Carrera et la route est une nouvelle fois longue, puisque notre destination se trouve à 216 kms, dont la majeure partie se fera sur une route tertiaire, pas toujours très transitée, ce qui n'ira sans doute pas en s'arrangeant un jour férié!

Un premier couple d'automobilistes, Jacqueline et Luis, touristes chiliens de la région de Limache, dans le centre de pays, nous prennent sur le tronçon le plus facile, en route vers l'aéroport d'où ils doivent prendre un avion et on savoure le bitume qui se faufile dans de grandes étendues d'herbages, car les anciennes forêts ont été brûlées pour faire des pâturages pour les bêtes qui ont massivement été introduites au cours du XX ème siècle.

On est dans une région qui est sous influence argentine, puisque la frontière est à tout juste 45 kms au point le plus proche, et qu'ensuite la grande ville de Sarmiento est à 200 kms, alors que côté chilien, on est à 1400 kms par la route de Puerto Montt et à 690 kms à vol d'oiseau de Puerto Natales, la prochaine grande ville chilienne au sud, qu'on ne peut rejoindre qu'en passant par l'Argentine si on choisit la route, ou en naviguant deux jours si on choisit le bateau.

Le deuxième lift sera plus long, car la route a beau encore être goudronnée, le village suivant, Cerro Castillo, est un trou perdu et on ne voit guère passer que des couples dans leur 4x4 qui sont de sortie pour le pique-nique du jour férié et n'ont donc pas trop envie de s'encombrer d'un couple avec de gros sac-à-dos!

ça sera donc Christian qui nous sauvera la mise, puisqu'il est de Cerro Castillo, où il est né et a toujours vécu, même si après des études dans la sylviculture à Coihaique, il est maintenant amené une partie de sa semaine sur différents chantiers de la région, où l'entreprise qui l'emploie à des chantiers de contrôle. Comme notre ami Pablo il y a quelques jours, il travaille lui aussi pour une entité privée qui fait le travail de contrôle que devrait faire un organisme public, et sa position sur l'exploitation des zones de forêts est donc ambivalente, car s'il réclame une protection et une pérennité des zones naturelles de sa région, il clame néanmoins le besoin d'activité économique, pour que les gens continuent à pouvoir vivre dans cette zone qu'il trouve si belle... et on le comprend lorsqu'on admire le panorama qui nous entoure!

                          Vue du Cerro Castillo, qui donne le nom au village et à la zone
                          Vue du Cerro Castillo, qui donne le nom au village et à la zone

Vue du Cerro Castillo, qui donne le nom au village et à la zone

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Mais sa position sur la route et son amélioration est bien plus nuancée, car il nous raconte comment son village natal, où tout le monde avait un petit champ pour assurer l'autosuffisance jusqu'à il y a encore une dizaine d'années, a perdu du jour au lendemain cette richesse locale lorsque la route a connecté sa vallée encaissée au reste de la région.

Il nous explique d'ailleurs comment le peuplement de cette région a un caractère historique important à protéger, car elle fut une zone de repli pour des tribus Tehuelches qui pourchassées dans le sud du Chili, passèrent dans un premier temps dans les vastes plaines d'Argentine, avant de revenir par la seule passe qui donne accès à cette vaste vallée, en faisant un refuge caché qui leur assura pendant longtemps une vie sauve et éloignée de la "modernité" européenne ravageuse.

A la sortie du petit village, on hésite un temps, puis on se décide à avancer un petit peu à pied, car on nous a indiqué l'existence d'une zone de peintures rupestres tout proche, ce qui nous occupera un peu en attendant qu'une voiture apparaisse à l'horizon!

                                 Stop, puis marche vers la paroi aux mains rupestres...
                                 Stop, puis marche vers la paroi aux mains rupestres...
                                 Stop, puis marche vers la paroi aux mains rupestres...
                                 Stop, puis marche vers la paroi aux mains rupestres...

Stop, puis marche vers la paroi aux mains rupestres...

on commence alors en prenant un petit embranchement sur le côté gauche de la route à longer la rivière Ibanez, qui se jettera quelques dizaine de kilomètres plus loin dans le grand lac Ibanez, appelé Buenos Aires du côté argentin, qui fait la frontière entre les deux pays dans la zone.

vue du Paredon de las manos, empreintes en négatif laissées par les Tehuelches depuis plusieurs milliers d'années.
vue du Paredon de las manos, empreintes en négatif laissées par les Tehuelches depuis plusieurs milliers d'années.

vue du Paredon de las manos, empreintes en négatif laissées par les Tehuelches depuis plusieurs milliers d'années.

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

On est bluffés par le paysage, avec la lumière qui commence à baisser en cette fin d'après-midi,

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

On resterait presque là, à juste goûter de la beauté de la vue, au pied de ce Cerro Castillo qui passe déjà dans l'obscurité... et il nous reste encore 125 kms pour arriver à destination...

On commence même à se dire qu'on a été trop gourmand et qu'à 16h30, à moins d'une heure de l'arrivée de la nuit, on devrait presque revenir sur nos pas à Villa Cerro Castillo pour passer la nuit... mais c'est sans compter le bol d'énergie et d'optimisme, que nous a donné ce petit détour et on hésite pas une seconde lorsqu'on voit passer une camionnette, qu'elle freine à notre niveau, et que le conducteur, le directeur de l'école du village, qui va rendre une visite à un voisin à une 40 de kms de là, nous propose de nous avancer avec réticence, car il doute qu'on puisse trouver ensuite un autre transport pour finir la route jusqu'à Puerto Tranquilo.

Après une plaisante discussion à évaluer avantages et inconvénients de l'éducation publique chilienne, mais surtout à écouter notre conducteur nous raconter que lui qui a grandi dans la région, se rappelle encore de l'époque où aller à Coihaique était une chevauchée de 3 à 4 jours selon le chemin emprunté... et nous qui nous plaignons des distances et de la durée mise pour faire 250 kms dans une journée de transports!

On est encore un peu confiant, lorsqu'on descend et qu'on marche encore un peu, avant que la nuit tombe complètement, pour essayer de trouver enfin le bon spot pour faire du stop.

A notre montre il n'est que 17h30, il fait nuit, mais on a des lampes pour nous signaler au bord de la route, et on se dit que toutes les voitures qui passeront par là iront de toute façon jusqu'à Puerto Tranquilo, car il n'y a qu'un seul village avant Bahia Murta, qui est proche de PT... En plus, lors du trajet avec le sympathique ancien instituteur, on a croisé quelques voitures, et une ou deux nous ont dépassés.

Mais c'était sans compter une information cruciale que nous n'avions pas... et pour tout vous dire, on n'est pas encore sûrs de bien avoir tout compris.

Le fait est, semble-t-il, que sur ce tronçon de route et aux abords du lac Ibanez, la nature époustouflante attire un très grand nombre de jeunes touristes du monde entier, qui viennent en stop et sur un petit budget, profiter des beautés des forêts et des glaciers locaux. Mais un afflux important de jeunes israéliens, tout droit sortis de leur service militaire obligatoire de deux ans, qui viennent décompresser et oublier un peu le conflit et la dure réalité qui existe entre Palestine et Israël, a fini par leur faire une mauvaise réputation... et les gens ne prendraient plus les stoppeurs, surtout de nuit, car ils pensent que ce sont des Israëliens! Ajoutez à cela une rumeur persistante dont on ne trouvera aucune confirmation nulle part, que des Israëliens achètent de grands terrains et des parcelles de forêts ( ce qu'on peut dire avec certitude pour des gens venus du quatre coins du monde, si on considère le sud du Chili et de l'Argentine...).

Une partie de ces élucubrations vient de plans plus qu’embryonnaires, qui envisageaient des solutions pour que les Juifs trouvent une terre où installer un foyer où ils pourraient construire leur propre état, à la fin du XIX ème siècle et au début du XXème, comme cela avait pu être envisagé aussi en Ouganda ou à Madagascar.

Le fait est qu'un grand nombre de voitures passera à toute vitesse sans s'arrêter, qu'une paire de voiture venant en sens inverse s'arrêtera, et nous donnera cette explication, nous enjoignant même de monter notre tente et d'attendre le lendemain, pour le passage du bus ou une voiture plus secourable...

Mais des voitures, il en passe! on en comptera une bonne dizaine, qu'on essaye de stopper à grand renfort de lumière et de signes de la main. La seule qui s'arrêtera, pleine à ras-bord d'un famille qui part en vacances dans le sud, ne pourra que nous confirmer que nous sommes mal barrés...

On entre donc dans une nouvelle phase du stop, qui est celle de meubler l'attente, et de créer des bornes temporelles pour essayer de compenser les bornes de distances qui restent définitivement à zéro lorsqu'on ne bouge pas de son bord de route!

On se dit donc, encore une heure, puis une demie heure, puis trois voitures, puis pas après 19h30, puis pas plus de trois heures d'attente... enfin, un peu avant 20h, heure fatidique à laquelle on s'était promis d'aller monter la tente un peu après la cascade qui se trouvait à une cinquantaine de mètre de notre lieu de stop, un pick-up freine enfin, mais le temps qu'il nous dépasse, on a le temps de voir que les sièges arrières sont pleins de cartons et de sacs, et que la plage arrière est encombrée d'antennes! On se dit qu'une nouvelle fois, on va avoir affaire à quelqu'un qui sachant qu'il ne pourra pas nous emporter avec lui, joue le bon samaritain contrarié! Et bien non, ce coup-ci, derrière un gros joints d'herbes, on tombe sur deux jeunes, qui filent à toute allure en direction du sud, puisque partis en journée de Coihaique, ils comptent arriver dans la nuite à Caleta Tortel, notre objectif le plus au sud... On parle de 458 kms de route qui se font habituellement en 10h de trajet non stop!

Mais on n'hésite pas une seconde, ils nous proposent de grimper sur les plateaux des antennes, de nous accrocher comme on peut et de nous couvrir un peu car la nuit commence à geler, et que la route va passer par des petits cols où la neige est déjà là!

On mettra un peu moins de deux heures, à admirer les étoiles et les sommets enneigés et les bords des rivières et des lacs qui scintillent avec la lune qui brille en cette soirée glaciale, pour arriver à Puerto Tranquilo, sains et saufs, mais congelés... Thomas se met à trembler en descendant du pick-up et devra passer un long moment auprès du poêle dans la pension qu'on choisit avant de pouvoir contrôler ces soubresauts! Cindy, elle en sera quitte pour une bonne nuit sous des draps dans son duvet, après avoir avalé en une minute une soupe brûlante de pâtes chinoises au thon, notre spécialité durant une bonne partie de ce début de voyage, où on se trouva souvent dans l’impossibilité de trouver un restau ou une cafet ouverte!

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Au petit matin, on file sur la grève, puisqu'on est au bord du lac et on se dira que l'effort et le froid, sans parler de l'effroi à cause de la conduite de nos chauffeurs de hier soir qui marchaient au cannabis, valait le coup, car on devine que le tour en bateau vers les cathédrales de marbre va être un moment spécial.

On est hors saison, il n'y a qu'une roulotte ouverte, et donc un seul mec pour conduire les rares touristes de passage vers les formations rocheuses... on devra patienter presque une heure pour que viennent s'ajouter deux guatémaltèques qui voyagent en moto, et enfin Don Lenin, puisque c'est ainsi que le patron du bateau s'appelle, larguera les amarres pour notre plus grand plaisir.

Le lac, issu d'un ancien glacier est le plus grand du Chili et dans sa zone ouest, l'action du glacier, du vent et de l'eau, ont sculpté le marbre des rivages, de gros blocs qui présentent maintenant un dédale de courbes et de volutes.

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo
Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

Le rendu des couleurs avec le jeu entre lumière du soleil, reflets dans les eaux cristallines et drapé des différentes variétés de marbre en fait un lieu assez irréel!

L'érosion a creusé de véritables galeries, où le bateau peut se faufiler ou venir au plus près pour admirer les contours de la roche.

La combinaison sensée éviter de se tremper sert parfaitement à nous isoler du froid, car on a mis toutes nos couches de vêtement ce matin, puisqu'il fait un temps glacial...
La combinaison sensée éviter de se tremper sert parfaitement à nous isoler du froid, car on a mis toutes nos couches de vêtement ce matin, puisqu'il fait un temps glacial...
La combinaison sensée éviter de se tremper sert parfaitement à nous isoler du froid, car on a mis toutes nos couches de vêtement ce matin, puisqu'il fait un temps glacial...
La combinaison sensée éviter de se tremper sert parfaitement à nous isoler du froid, car on a mis toutes nos couches de vêtement ce matin, puisqu'il fait un temps glacial...
La combinaison sensée éviter de se tremper sert parfaitement à nous isoler du froid, car on a mis toutes nos couches de vêtement ce matin, puisqu'il fait un temps glacial...

La combinaison sensée éviter de se tremper sert parfaitement à nous isoler du froid, car on a mis toutes nos couches de vêtement ce matin, puisqu'il fait un temps glacial...

Différentes zones ont reçu différents noms, avec la toujours horripilante habitude de mettre des noms d'animaux ou de personnes, à des formations géologiques qui sont complètement aléatoires... on visite donc la cathédrale dans un premier temps, puis on finira par la chapelle de marbre:

Cette chapelle impressionne surtout par ses frêles colonnes qui supportent tout le rocher émergé
Cette chapelle impressionne surtout par ses frêles colonnes qui supportent tout le rocher émergé
Cette chapelle impressionne surtout par ses frêles colonnes qui supportent tout le rocher émergé

Cette chapelle impressionne surtout par ses frêles colonnes qui supportent tout le rocher émergé

Carretera austral: parte 1- de Chaiten a Puerto Tranquilo

De retour sur la terre ferme, il est 13h10, juste le temps de dévorer chacun un pesant sandwich pour nous redonner un peu d'énergie, un bon barro jarpa pour Thomas et un chacarero chargé pour Cindy! et on ne se pose pas trop de questions lorsqu'on nous dit que vers 13h30 devrait passer le bus pour Cochrane, notre prochaine étape, à 115 kms de là, une distance tout à fait dans nos cordes, mais le trajet de la veille au soir et le vent persistant et glacial qui souffle depuis ce matin ne nous font pas beaucoup hésiter: le confort d'un bus avec un bon livre pendant qu'on profite du paysage par la fenêtre, ça peut être pas mal aussi !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article